La guerre qui fait tache


La Dépêche, Toulouse, 2002

La guerre qui fait tache
C.C.

Joseph Chahfé est un Libanais vivant au Québec. Diaspora de raison qui cultive au tréfond de son art la couleur du pays, la mémoire d’un peuple, d’une famille. Sur la toile, il peint à l’acrylique les objets du quotidien : fauteuil, chaise. Puis il les badigeonne d’un mélange de plâtre et de gaze qu’il arrache ensuite. Comme des lambeaux de souvenirs traumatisants. Des plaies pas tout à fait cicatrisées. Joseph fait partie de cette génération de quadras Libanais qui ont construit leur personnalité sur les décombres et dans la peur. Depuis 1992, les armes se sont tues. Il en reste encore la brûlure dans les textures du Parisien Hannibal Srouji. Telle est l’exposition « Couleur et mémoire » proposée par Visages francophones à la Chantrerie, organisée par Nadine Begdache, propriétaire d’une galerie d’art de Beyrouth. Un aperçu rapide et significatif d’une création bien dans le vent de la recherche actuelle, à travers les pays occidentaux, imprégnée de drames qu’un Américain n’imagine pas, hormis peut-être les riverains du World Trade centre. Une onde choc que l’hyperréalisme de Nada Aki ne peut faire oublier. Reste, pour conjurer la haine, l’étonnant parcours du musulman Mahmoud Zibawi, spécialiste de l’icône, dont les portraits sont comme des images saintes. Quelle chance pour le Liban de demain.